
L’article de Nathalie Goursaud dans « Le Populaire du centre » du 21 mai 2023 :

Chronique dans L’Atelier de Litote du 15 mai 2023 (chronique complète par là )
Un livre court et intense qui ne laissera personne insensible au destin du jeune Alb 3, soldat tout juste promu en route pour sa nouvelle mission. Marianne Peyronnet construit son nouveau roman dans un univers post apocalyptique. D’habitude, dans ce genre de roman, l’auteur explore les conséquences d’une catastrophe sur la société et l’environnement, souvent en décrivant un monde où les structures sociales et politiques ont été détruites, où les ressources sont rares et où les personnages luttent pour leur survie. Ce n’est pas tout à fait le cas ici puisque la population est régie par la Matrie qui s’occupe de répondre entièrement à leur besoin. Un univers qui n’est pas sans rappeler le mode social des fourmis mais sans reine. Chacun fait partit d’un tout, l’individu est gommé au profit du collectif qui travaille ensemble pour accomplir les tâches nécessaires à la survie de la colonie. Tous sont prêts à se sacrifier pour le bien de la communauté. C’est dans cet état d’esprit qu’Alb 3 rejoint son unité au Mur. Il doit participer à la défense du Mur contre les hordes des Bêtes. Mais tout ne se passera pas comme prévu et c’est tout l’intérêt du roman. Ce qui devait être sa plus grande fierté s’effondre et Alb 3 perdra ses illusions au profit d’une renaissance qui ne se fera pas sans douleur. C’est toute la question de l’humanité qui se pose, des choix que nous sommes amené à faire pour la survie. Une lecture passionnante sur la résilience, sur le courage et l’abnégation. Un style fluide et un récit écrit à la première personne donne le point de vue du narrateur et apporte au lecteur une implication émotionnelle mais aussi une certaine subjectivité. Le lecteur ne peut connaître que ce que le narrateur connaît, pendant tout le récit on reste focalisé sur le personnage principal et c’est tout bonnement passionnant. Un coup de cœur pour la réussite de ce délicat équilibre qui s’exerce entre la vie en mode Matrie, le possible chaos et une forme de rédemption. Une fin ouverte qui mériterai une suite car je me suis terriblement attachée à Alb 3. Bonne lecture.
Chronique dans Tasha’s books du 14 mai 2023 (chronique complète par là)
Avant tout chose, sachez-le, je ne suis pas une grande lectrice de science-fiction, genre dans lequel on place habituellement la dystopie. En effet, vous vous en doutez : l’Utopie dont il est ici question est un régime qui s’est mis en place dans un monde post-apocalyptique, ou qui y ressemble, dans une enclave qui sert de refuge contre le reste du pays, en proie à une régression civilisationnelle sans précédent. La Matrie protège ses citoyens et leur offre un modèle collectiviste dans lequel chacun est au service de l’Etat et du bien commun. Et là, même si je ne vous livre pas les détails, que vous découvrirez vous-mêmes, vous sentez déjà que ça part en cacahuète.
J’ai ouvert ce roman sans rien en savoir, comme je le fais presque toujours. J’ai pensé pêle-mêle à La servante écarlate, au Désert des tartares, au Rivage des Syrtes. Ne vous fiez pas à la trame à première vue classique, et n’oubliez pas que Marianne Peyronnet s’est déjà illustrée avec talent dans le roman noir. Le Mur est donc d’une grande noirceur, et c’est tant mieux.
Et pourtant il y a dans ce roman quelque chose de lumineux. Je vous laisse découvrir le roman et je ne voudrais pas en raconter trop. Je ne sais pas si ce roman nous dit que l’humanité, tissée de rencontres, d’empathie et d’amour résiste à tout ou est menacée par des forces antagonistes bien plus puissantes. Mais il nous alerte sur nos peurs, sur la tentation du repli, il nous incite à toujours questionner les valeurs et les actes qu’on veut nous imposer. Pao, Satine et Bayé représentent cette humanité en nous, menacée, assiégée.
L’écriture de Marianne Peyronnet, dans ce récit à la première personne, suit le cheminement de ce jeune homme, qui passe d’une obéissance sans mesure au régime nourricier à l’éveil d’une conscience. Pas de fioritures, pas de pathos, une écriture précise et sans chichis. Le récit n’en a que plus de force.